Philippe Erlos s’est fabriqué un modeste écrin, sa musique, pour y ranger précieusement ses histoires de la vie. Mais il en donne volonté la clé pour que chacun y pioche un bout de vécu, un semblant de pareil, un sentiment égal... Inspiré d’une certaine scène française incarnée par Dominique A, Miossec ou Biolay, Erlos va à l’essentiel. A l’amour. A la vie. Aux ratés. Aux promesses. Les mots se glissent dans chacun de nos pores pour faire transpirer les ambiguités de l’âme humaine. Faussement tristes, lucides mais légères à la fois, souvent ironiques, ses chansons sont autant de piqûres en quête de seconde chance que de rêves éveillés.
C’est à trois qu’Erlos tisse aujourd’hui ses morceaux en live. A la construction initiale guitare acoustique, boîte à rythme et machines, deux musiciens apportent le souffle de leurs propres influences pour repousser les frontières du style. Soudainement, l’âme noisy d’Alex s’immisce dans l’équation. Elle étend ses nappes, imprègne tour à tour les ambiances électro d’un clavier ou les effets d’une guitare, épure subtilement les arrangements et peut même faire rugir une disto sur un ukulélé... Alors que la voix aux notes plus folk, parfois aériennes de Juliette souligne doucement le timbre grave et chaud d’Erlos, et que de petites mélodies en lignes de basses, elle fait balader ses doigts sur un microKörg accrocheur.
Après la sortie d’un premier 4 titres, Le Grand Canyon en 2012, Erlos prend son temps, soigne chaque détail de son nouveau disque, s’attache dans le choix des morceaux à le rendre pétillant. Et c’est bien avec des coquillages plein les poches que ce nouvel EP La Comtesse de Ségur nous laisse, à l’écoute du dernier titre L’Amour à la plage, reprise de Niagara malicieusement réarrangée.