Trümmelschlager, c’est quoi, à part un nom à la con ?
C’est d’abord un mec : Trümmelschlager, un peu moins d’une toise, huit livres Charlemagne, d’origine ostrobatave, vieux restes de gènes sino-étrusques, cheveu vénitien calamistré, bisourcil, insomnies, bruxisme, syndromes de Münchausen, de Ganser et de Peter Pan (à moindre degré), le reste en bonne santé, étant de bonne composition, surtout en mai. Champion local de savate, de crosse et aficionado de soule – on peut dire qu’il tient la forme. Sévère tendance à la mythomanie.
Trümmelschlager, c’est l’autre nom de Johann Trümmel, auteur de la Marge molle, premier roman salué par la critique (Chronicart, le Figaro Littéraire notamment), et dont on retrouve la verve dans son premier album “Guru” , ainsi que le sens de la dérision, et celui du rythme. Trümmel pour Trümmel, Schlager, pour « schlager », c’est-à-dire, en allemand, « mégatube de thé dansant ».
Trümmelschlager, c’est la bidouille devenue orfèvrerie, le refus du readymade sonore et des banques de son à gogo. C’est la composition minutieuse de dentelles électroniques au service d’une pop ludique et accrocheuse. On y perçoit, ici, les froufrous ludiques d’un Cornelius , là les mélodies pop de Blur, ou un peu plus loin, là-bas, quelques remugles d’un vieux Beck.
Trümmelschlager, c’est aussi le goût des paroles à la con, de celles qui préfèrent sonner avant de signifier. On y croise des mecs à poil arrêtés par des flics, du triolisme raté, des fourmilières humaines, des coton-tiges enfoncés dans des urètres, ou des plaidoyers moustachus.
Johann Trümmel a commencé à publier en même temps qu’il a commencé à jouer dans un groupe : le trio grindjazz de l’Epsilon Sigma Club (avec son frère Odran et le Québécois Andy Bishop) a entre autres ouvert pour the Ex et Nervous Cabaret. Parallèlement, à cette époque, Trümmelschlager ne cesse de composer des pièces musicales mêlant l’électronique à l’organique ou aux sons les plus quotidiens. Installé depuis quelques années à Barcelone, Trümmelschlager oriente ses morceaux vers une pop plus limpide, tout en conservant ses idées souvent barrées.
Il pourrait rester incompréhensible, mais il fait des efforts.
Sachez l’en gré.